LE PETIT ELEVAGE LUCRATIF.
Presque toujours à la campagne comme à la ville on loge les volailles au petit
bonheur, comme l'on peut, ce qui n'est pas toujours au mieux de leur santé et de
leur production.
Un coin de hangar, un cellier plus ou moins mal clos dans lesquels on cloue
quelques barreaux pour perchoirs, puis où l'on dispose quelques caisses ou vieux
paniers en guise de nids et tout est dit.
L'amateur qui aime les bêtes, c'est encore là une condition de réussite — et
désire faire un peu d'élevage pour en retirer le profit maximum devra se garder
de suivre ces errements et se rappeler d'abord que quelle que soit l'espèce
animale que l'on ait en vue, elle ne rendra bien qu'autant qu'elle sera bien
logée et bien nourrie.
Le problème de tout élevage se résume donc à réaliser ces deux indispensables
conditions le plus économiquement possible.
L'amateur qui s'occupant pour se distraire, ne compte pas son temps et son
travail pourra en suivant mes conseils dans la construction de son poulailler
résoudre aisément et économiquement la première partie du problème, celle d'un
logement répondant à tous les desiderata, quant à la seconde, l'alimentation
économique, je ne dois pas lui cacher que sa solution surtout, à la ville est
autrement plus ardue au prix actuel de toutes choses.
Cependant elle reste possible pour ceux qui peuvent par suite d'une nombreuse
famille, de pensionnaires, etc..., disposer d'un appoint suffisant de déchets de
table et de cuisine et plus encore pour ceux qui n'ont pas honte — et, certes
ils ont cent fois raison — de ramasser ce que d'autres jettent chaque jour avec
tant d'insouciance.
(Combien de milliers de poules et de centaines de porcs on engraisserait avec
les détritus des grandes villes qui non seulement en tirent aucun profit mais se
mettent même en frais pour s'en débarrasser ou les détruire).
Le tout est de proportionner son nombre de poules à ses ressources alimentaires.
Mais revenons au poulailler et après avoir dit ce qu'il est le plus souvent,
indiquons, maintenant que nous en avons terminé avec l'enclos, ce qu'il doit
être à quelles conditions indispensables doit répondre sa construction.
De même que pour la clôture du parc, les matériaux à employer différeront
suivant les ressources du pays, le goût et les aptitudes de chacun cependant
dans chaque genre, et à moins d'être assez riche pour ne faire de l'élevage
qu'une distraction luxueuse, il faudra viser toujours à la plus stricte économie
et rechercher les matières les moins chères à plus forte raison est-ce dire que
l'amateur qui sait tant soit peu se servir d'une truelle, d'un marteau et d'une
scie, devra se passer d'entrepreneur et mettre lui-même « la main à la pâte ».
Quoiqu'il en soit et avant de décrire les différents modes de construction
voyons d'abord ces conditions indispensables que tout bon poulailler doit
réaliser.
Exposition.
Coqs et poules aiment venir de grand matin se faire caresser par les premiers
rayons de l'astre du jour.
Les ouvertures principales de leur habitation, en d'autres termes le devant du
poulailler devra être orienté à l'est ou à l'est-sud-est.
L'exposition de l'ouest serait trop humide, celle du nord trop froide, celle du
midi trop chaude et faciliterait la propagation désastreuse de la vermine dont
souffrent tant les volailles.
Situation. — Confortable.
Le poulailler doit être situé dans un endroit sec, autant que possible abrité
des vents du nord et de l'ouest par un rideau d'arbres, des hauteurs naturelles
et des bâtiments.
Ses murs seront choisis en matériaux isolants assez épais pour soustraire ses
hôtes aux grands écarts de température et aux intempéries, assez solides pour
s'opposer aux incursions de leurs ennemis.
Il en sera de même de là toiture qui devra être parfaitement étanché et en
matières calorifuges.
Portes et ouvertures devront pouvoir être obstruées hermétiquement et posséder
des systèmes de fermeture simples et pratiques.
Dimensions.
Pour que les poules soient à l'aise on estime que leur demeure doit mesurer 1m
50 de largeur sur 1m. de profondeur par 10 têtes.
Par chaque dizaine de têtes ou fraction de 10 têtes en plus, cette profondeur
s'augmente de 0m.50 en laissant même largeur.
Ces dimensions sont plus vastes que celles adoptées habituellement avec les
perchoirs en échelle dressés à 45° dont les barreaux séparés par une distance de
0m. 325 octroient à chaque poule une largeur de 0m. 20 à 0m. 30 et une hauteur
verticale de 0m. 23 seulement ce qui permet de caser 15 à 20 bêtes par mètre de
superficie, mais présente maints inconvénient sur lesquels je reviendrai quand
j'en serai à la question des perchoirs.
Du reste une place et un cube d'air suffisants sont nécessaires au bien être et
à la santé des élèves et vouloir trop leur limiter l'une et l'autre par
économie, est un mauvais calcul.
Si la profondeur n'excède pas 1m. 50 la hauteur du sol au plafond pourra n'avoir
que cette dimension.
Un poulailler plus grand devra être de hauteur d'homme (1m. 75 à 1m. 80) afin
que l'on puisse y pénétrer aisément pour sa visite, son nettoyage, la récolte
des œufs.